Chapitre 3

 

Les vampires ne tardèrent pas à remarquer Belinda. Peut-être l’avaient-ils même sentie avant de la voir, car en moins d’une minute ils se dirigèrent vers elle. Je serrai fermement la main d’Ethan dans la mienne tandis que Belinda leur disait bonjour. Je tendis l’oreille pour m’assurer quelle ne disait pas un mot de plus. Comme « piège » ou « Faucheuse ». Jusqu’ici, tout allait bien. Belinda leur faisait du charme… avant d’entrer directement dans le vif du sujet en leur demandant s’ils étaient venus pour s’offrir un en-cas.

— Pourquoi on est là, à ton avis ? rétorqua l’un d’entre eux avec un petit sourire. C’est pas pour jouer au flipper !

Les autres éclatèrent de rire. Ma mâchoire se crispa. Enfoirés.

— T’es venue avec quelqu’un ? demanda un autre vampire en la regardant de la tête aux pieds d’un air lubrique.

— Une bonne femme que j’ai rencontrée et son fils, répondit Belinda d’un air dédaigneux. Vous pouvez la manger, mais je me réserve le gamin.

— Montre-les-nous, dit le vampire aux cheveux noirs.

Je détournai le regard juste au moment où Belinda levait la main, plaquant un sourire hypocrite sur mes lèvres en regardant Ethan. Ne t’en fais pas. Il ne va rien t’arriver.

— La blonde avec le pull noir à col roulé et le jean, qui tient le petit garçon par la main. C’est eux.

— Jolie, dit le brun d’une voix traînante. (Puis il ajouta avec précipitation :) Mais pas autant que toi, bien sûr.

— Merci. (Le ton de Belinda indiquait qu’il était loin de s’être suffisamment rattrapé, mais qu’elle voulait bien passer sur sa maladresse.) Bon, vous opérez comment d’habitude ? Vous vous emparez du gamin et vous vous enfuyez ?

— Tu vois ce type, là-bas ? (Le grand vampire décharné désigna un homme arborant un badge d’employé.) Je vais lui faire les yeux verts et lui voler sa tenue.

— Quel est l’intérêt de voler les vêtements de quelqu’un ? demanda Belinda d’un ton incrédule.

L’air de rien, je reportai mon regard sur eux. C’était exactement la question que je venais de me poser.

— Pas ses vêtements, son costume de souris Geronimo Stilton, répondit le vampire avec un sourire. C’est facile de persuader les enfants de te suivre dehors sans éveiller les soupçons quand tu portes ce genre de déguisement. Même si les parents s’en aperçoivent, l’un d’entre nous les hypnotise du regard et ils rentrent chez eux sans se douter de quoi que ce soit. Au bout d’une journée environ, ils se rendent compte que leurs gamins ont disparu, et ils ne se rappellent pas où ils les ont perdus.

— On les prend un par un et on les stocke dans le coffre, ajouta un autre. À cette époque de l’année, il ne fait pas encore trop chaud, alors ils restent en vie et ne pourrissent pas, et il nous suffit d’allumer nos phares verts pour qu’ils se tiennent tranquilles une fois enfermés.

Je serrai la main d’Ethan si fort qu’il poussa un glapissement. Je relâchai mon étreinte en faisant tout mon possible pour empêcher la colère de faire luire mes yeux. Plus tôt je tuerais ces types, mieux ce serait.

Belinda sourit.

— Un vampire dans un costume de souris Geronimo Stilton, hein ? Il faut que je voie ça.

Le vampire lui rendit son sourire.

— Ne bouge pas, mon cœur. Tu vas adorer le spectacle.

Comme s’ils répondaient à un signal, les automates de la salle de jeux se mirent à bouger. Les enfants poussèrent des cris de joie. Je regardai l’un des vampires suivre l’employé qu’ils avaient désigné derrière la scène. J’allais leur emboîter le pas lorsque des paroles m’arrêtèrent net dans mon élan.

— … faim, je vais me chercher quelqu’un à manger, dit le vampire aux cheveux brun-roux en s’éloignant de Belinda et des autres d’un pas nonchalant.

Je lâchai la main d’Ethan. Belinda l’avait revendiqué ; de tous les gamins présents, c’était lui qui était le moins en danger. Je m’agenouillai pour le regarder droit dans les yeux.

— Tu vois ce jeu ? demandai-je en lui désignant la machine la plus proche de nous. Tu vas y jouer et rester là jusqu’à ce que moi ou l’une des autres personnes que tu as rencontrées tout à l’heure vienne te chercher. Promets-le-moi.

Ethan hocha la tête.

— Promis.

— C’est bien, murmurai-je.

Ethan se dirigea vers la machine et posa tous ses jetons à côté. Une fureur froide s’empara de moi alors que je regardais l’autre vampire traquer sa proie.

— À toutes les unités, tenez-vous prêtes, murmurai-je dans mon portable.

La situation pouvait très mal tourner à tout moment.

Je suivis discrètement le vampire des yeux alors qu’il se promenait dans la salle, repérant de son regard perçant les enfants qui étaient surveillés et ceux qui ne l’étaient pas. Un jeune garçon était en train de rassembler les jetons qu’il venait d’acheter. Le vampire le regarda, puis se glissa derrière l’enfant alors que ce dernier était en train de choisir à quelle machine il allait jouer. Le vampire attendit qu’il se rapproche d’un coin de la salle, puis il posa la main sur l’épaule du garçon.

Celui-ci leva les yeux… et il n’en fallut pas plus. Le vampire lui jeta un bref regard vert et lui murmura quelque chose, mais trop bas pour que je saisisse ses paroles. Personne ne remarqua rien. Le garçon le suivit sans attendre dans la salle voisine et disparut derrière un mur.

Je leur emboîtai le pas, notant au passage que le vampire avait choisi la zone la plus calme, où tous les jeux cassés étaient entreposés. Il était agenouillé devant le petit garçon. Je pouvais voir la lueur verte de son regard se réfléchir sur la peau de l’enfant qui se tenait debout devant lui, sans même essayer de s’enfuir ou de crier.

Il va le mordre maintenant, juste ici, et il pourra cacher rapidement le corps derrière l’une de ces machines hors service. Le gosse sera mort avant que ses parents sachent qu’il est en danger…

Le vampire aux cheveux brun-roux se pencha, persuadé que ni les parents, ni Dieu ou je ne sais qui d’autre encore n’interviendraient. Je sortis un couteau en argent de ma manche et m’avançai furtivement une surprise pour toi, enfoiré !

— Qu’est-ce que… ?

Je me retournai vivement en sentant une puissance inhumaine dans mon dos. Le vampire en costume de souris Geronimo Stilton qui avait parlé se tenait derrière moi, sa grosse tête de rongeur inclinée sur le côté, comme s’il était intrigué. L’autre vampire lâcha le petit garçon, les yeux rivés sur mon couteau.

— De l’argent, marmonna-t-il.

Le bal allait commencer.

— Déployez-vous ! hurlai-je en sachant que Bones m’entendrait, puis je lançai mon couteau.

Il s’enfonça jusqu’à la garde dans la poitrine du vampire. Quasiment dans le même mouvement, je bondis sur lui et le déséquilibrai tout en imprimant quelques torsions brutales à la lame. Au même moment, un objet lourd atterrit sur moi. Lourd et moelleux. C’était le vampire dans le costume de souris Geronimo Stilton.

Je fis une roulade et ramenai mes jambes vers moi avant de les propulser sur le vampire pour le projeter en arrière. Il heurta un jeu Vidéo si violemment que la machine traversa la fenêtre, brisant les vitres au passage. J’entendis Tate crier « Sécurité nationale, que personne ne bouge ! » alors que je sortais d’autres couteaux pour les lancer au millimètre près dans la poitrine du vampire déguisé. Il recula en titubant mais ne s’écroula pas. Ce satané costume devait être trop épais.

Je sortis d’autres couteaux de sous mes vêtements et l’attaquai au corps à corps. Il se défendit autant qu’il le pouvait… engoncé dans son encombrant costume de souris. Pris dans notre lutte, nous roulâmes sur le sol. J’essayais d’enfoncer mon couteau à travers son costume pour le transpercer, et lui faisait tout son possible pour m’abreuver de coups, malgré le déguisement qui entravait ses mouvements.

— Ne touche pas à Geronimo ! entendis-je couiner un enfant.

Plusieurs autres se mirent à hurler. Jésus, Marie, Joseph, si avec tout cela ces gamins n’étaient pas marqués à vie. Une femme, qui devait avoir l’air d’une folle, était en train d’essayer de poignarder leur mascotte adorée. Ils en feraient des cauchemars pendant des années, à moins que Bones efface leurs souvenirs.

Mais ce n’était pas le moment de m’appesantir sur le sujet. Tout en continuant à abreuver mon adversaire de coups de couteau, j’entendis une bagarre se déclencher. Les autres vampires. Je parvins enfin à donner un angle suffisant à ma lame pour immobiliser mon vampire, puis je lui imprimai une dernière torsion.

Je me levai sous le regard horrifié des enfants et des parents, mais je n’avais pas le temps de leur expliquer que Geronimo n’était pas vraiment Geronimo, mais son jumeau infernal. Le vampire blond traversa la salle dans ma direction en rugissant et en bousculant violemment toutes les personnes, grandes ou petites, qui se trouvaient sur son passage. Je cherchai de la main un autre couteau – et découvris à l’occasion qu’il ne m’en restait plus beaucoup – et j’avançai moi aussi vers lui. Je ne pouvais pas lancer mes armes : si le vampire se baissait, mes couteaux risquaient de se planter dans la chair des innocents qui se tenaient derrière lui. Non, j’allais devoir le vaincre au corps à corps. Une lueur verte jaillit dans mes yeux. Allez, blondinet, montre-moi de quoi tu es capable.

En voyant la lueur dans mes yeux, il hésita, mais un instant seulement. Pas très loin de moi, je pouvais voir Belinda, à la lutte avec le vampire aux cheveux noirs. Nous ne lui avions donné aucune arme, pour des raisons évidentes, mais j’étais soulagée de la voir se battre avec nous, et pas contre nous.

Derrière le vampire blond, le dernier sbire apparut. Il grogna et s’élança lui aussi vers moi. Puis son regard fut attiré par la porte.

— Oh merde, l’entendis-je dire juste avant de le voir tourner le dos et s’enfuir dans les coulisses.

Je n’avais pas besoin de me retourner pour savoir ce qui l’avait effrayé : je pouvais sentir Bones qui entrait dans le bâtiment. Mais l’autre vampire me frappa au même moment, m’empêchant de profiter du spectacle offert par son collègue qui fuyait la queue entre les jambes.

— Occupe-toi de lui, moi je me charge du blondinet, criai-je à Bones tout en évitant les deux canines qui plongeaient en direction de ma gorge.

— Je vais l’avoir, cette petite frappe, grogna Bones avant de disparaître derrière les grands robots poilus qui continuaient à chanter sur la scène et à se lancer des blagues.

— Que tout le monde se dirige vers la sortie ! ordonnai-je tout en échangeant des coups vicieux.

Vite, avant que des parents ou des gamins soient pris en otages.

Un coup d’œil rapide me permit de voir Belinda saisir sans ménagement le vampire aux cheveux noirs et l’entraîner dehors presque en le portant. Il me semblait qu’elle lui parlait, mais, avec tout ce boucan, je n’avais pas la moindre idée de ce qu’elle lui disait.

Une gifle violente rappela le vampire blond à mon attention. Juste un peu plus loin, psalmodiai-je dans ma tête. Je n’ai pas envie de te tuer toi aussi devant des divines d’enfants. Ils en ont assez vu comme ça.

Lorsqu’il se trouva en face de la fenêtre qui avait été brisée par le jeu vidéo, je fonçai sur lui en me baissant pour éviter ses crocs. Nous passâmes à travers la fenêtre pour atterrir sur le parking et continuâmes à nous rouer de coups sur l’asphalte. Il ne me restait plus que deux ou trois couteaux, car je n’avais pas prévu d’en gâcher autant dans le cuir épais de Geronimo. Il fallait que je choisisse le bon moment avec soin.

— Maman, dis-leur d’arrêter ! pleurnichait un enfant.

Je jurai intérieurement. C’était le pire environnement possible pour une opération anti-vampires. D’après ce que je pouvais entendre, mes hommes avaient beaucoup de mal à empêcher les parents et les enfants en proie à la panique de s’enfuir sur le parking, ce qui ne ferait que compliquer encore le problème. Dave aboya des ordres pour que les hommes enferment le vampire avec lequel Belinda s’était battue dans une capsule. C’était judicieux. Il ne présenterait ainsi plus aucun danger, et nous pourrions l’emmener et lui planter un pieu dans le cœur à notre guise.

Alors que je plongeais pour éviter qu’un coup de poing circulaire me brise la mâchoire, j’aperçus Belinda, libérée de son adversaire, qui attrapait brusquement Zachary, une nouvelle recrue, pour lui planter ses canines dans le cou.

— Tate, arrête-la ! hurlai-je, impuissante.

Belinda redressa brusquement la tête. Zachary bascula en arrière, les mains serrées autour de son cou, du sang dégoulinant entre ses doigts.

Puis Belinda s’enfuit.

J’entendis des coups de feu, des jurons, et un début de cavalcade m’indiquant que plusieurs de mes hommes se lançaient à sa poursuite.

— Un ennemi s’est échappé, sécurisez le périmètre ! cria Cooper.

Je jetai un regard froid et furieux au vampire devant moi.

— Je n’ai pas de temps à perdre, grognai-je avant de me ruer sur lui.

Nous tombâmes tous les deux. Il m’abreuva de coups de poing, mais je ne me défendis pas. J’encaissai la raclée tout en éloignant sa bouche d’une main et en enfonçant mon couteau dans son cœur de l’autre. Trois cisaillements de la lame plus tard, il était mort, définitivement.

Je rampai pour me débarrasser de son cadavre qui pesait sur moi. Mes côtes me faisaient énormément souffrir, mais je n’eus pas le temps de poser mes mains à l’endroit où j’avais mal pour tenter d’atténuer la douleur. Entendant les bruits d’une bagarre sur ma gauche, je tournai la tête juste à temps pour voir le vampire aux cheveux noirs, qui était sur le point de se faire enfermer dans la capsule, envoyer au tapis les deux soldats les plus proches de lui. La plupart de mes hommes qui ne surveillaient pas les sorties s’étaient lancés à la poursuite de Belinda, à l’exception de ceux qui s’étaient portés au secours de Zachary. Le vampire avait profité de leur inattention.

Dave bondit sur lui, mais le vampire se baissa, glissa sur le ventre tel un pingouin macabre, puis se releva et partit en courant à toute allure.

Je m’élançai à mon tour, à l’affût des battements de cœur de Tate et de Cooper qui étaient partis à la poursuite de Belinda. Mais ils étaient humains, ils n’avaient pas la moindre chance de la rattraper.

Je pris ma décision en une fraction de seconde et choisis de pourchasser Belinda. C’était elle qui représentait la plus grosse menace. Elle connaissait les noms de mes hommes. Elle savait parfaitement comment fonctionnait l’organisation de Don, et le temps qu’elle avait passé enfermée dans le quartier de haute sécurité du QG lui permettrait d’en donner une description très détaillée à quiconque serait assez fou pour envisager d’y pénétrer. Je ne pouvais en aucun cas lui donner l’occasion de divulguer ces informations.

Je courais aussi vite que possible et je ne tardai pas à rattraper Tate et Juan. Je ne pouvais pas voir Belinda, mais les crissements de pneus et les exclamations que j’entendais au loin m’indiquaient qu’elle venait de traverser une intersection très fréquentée.

— Prends la voiture, lançai-je à Tate d’une voix essoufflée en le dépassant à toute vitesse. Suis ma trace !

Mon biper était équipé d’un transmetteur, et ils me suivraient plus facilement en voiture. Qui plus est, ils géreraient les interventions de la police, si le besoin s’en faisait sentir. J’entendis de nouveaux crissements de pneus et je me dirigeai dans leur direction. Je débouchai sur un croisement et j’aperçus furtivement Belinda avant qu’elle s’enfonce dans une rue transversale. Pas question de te laisser filer, pensai-je.

Je redoublai d’efforts malgré mes côtes qui semblaient sur le point d’éclater à chaque foulée. Je priais pour que Belinda ne pénètre pas dans une maison pour essayer de prendre un otage, mais peut-être en connaissait-elle assez sur mon équipe et moi pour savoir que cela ne jouerait pas en sa faveur. Non, elle courait toujours comme une dératée, et je la maudissais tout en suivant son rythme.

Belinda sauta par-dessus une clôture sans même ralentir ses foulées. Heureusement qu’elle n’était pas un Maître vampire capable de voler, sinon, je n’aurais rien pu faire. Je franchis la clôture presque aussi rapidement qu’elle, mais je m’éraflai la jambe contre une pointe métallique dentelée. La coupure ne se referma pas instantanément, comme cela aurait été le cas pour elle. Certains jours, j’enviais les pouvoirs de guérison des morts-vivants. Mais pas au point de vouloir devenir une des leurs pour en disposer moi-même.

Une fois mon retard suffisamment comblé pour tenter ma chance, je lançai mes couteaux. Il ne m’en restait que deux, je ne devais donc pas les gâcher. Les lames se plantèrent au bon endroit dans le dos de Belinda, ce qui la fit vaciller, mais elle ne tomba pas. Bon Dieu, j’avais manqué son cœur ! Ma précision, lorsque je courais à toute allure sur un terrain accidenté, les yeux rivés sur une cible en mouvement, était loin d’être aussi bonne que lorsque je me tenais à courte distance de mon adversaire, à l’arrêt. Note : travailler le lancer de couteaux en situation de poursuite.

Mes lames la forcèrent toutefois à ralentir la cadence. Les secousses devaient les rapprocher dangereusement de son cœur, et Belinda ne pouvait pas se permettre de s’arrêter pour saisir correctement les manches et retirer les lames. Elle tenta de faire tomber les couteaux en passant une main dans son dos tout en maintenant son allure insensée, mais ses grands gestes ne parvinrent qu’à enfoncer l’une des lames encore plus profondément au lieu de la faire ressortir. Belinda chancela de nouveau, et je me forçai à accélérer. Tu y es presque… Mets les gaz, Cat, tu ne peux pas la laisser s’échapper !

Je rassemblai mes forces et bondis. Je réussis à m’agripper aux chevilles de Belinda et à la faire tomber. Elle se retourna en un éclair, abattant ses canines sur tous les morceaux de chair qui se présentaient à elle. Je n’y prêtai pas attention et me jetai sur elle, en reportant tout mon poids sur son torse.

Belinda s’immobilisa aussitôt. Ses grands yeux bleu vif croisèrent les miens le temps d’une seconde, puis elle abaissa ses paupières tout en poussant un cri très bref. Les lames, toujours plantées dans son dos, venaient de s’enfoncer dans son cœur.

Je ne voulais pas prendre le moindre risque. Je retournai Belinda et tournai violemment les deux lames ; son corps se relâcha complètement sous moi. Tu aurais dû accepter les dix ans qu’on te proposait, pensai-je sans la moindre émotion. Au lieu de ça, voilà où on en est arrivées.

Un hurlement me ramena à la réalité. Belinda et moi nous trouvions au bord d’une pelouse, à ce qu’il semblait. La propriétaire de la maison, une femme âgée, n’était visiblement pas ravie de voir deux femmes se battre à mort dans son jardin.

Je m’assis et soupirai.

— Allez-y, appelez la police. Vous vous sentirez mieux.

Cela dit, la police ne poserait jamais les mains sur moi. Non, pas avec les références de Don. De plus, Tate et mes hommes n’allaient pas tarder à arriver, tout comme Bones, j’étais prête à le parier. Il n’avait pas besoin de mon transmetteur pour me retrouver ; son odorat lui suffisait.

La dame marmonna quelque chose qui ressemblait à « assassin » et rentra dans la maison en claquant la porte. Quelques secondes plus tard, je l’entendis appeler la police.

Je restai sur l’herbe à côté de Belinda, en saluant poliment d’un signe de tête les quelques voisins qui approchaient pour m’observer bouche bée avant de se réfugier chez eux pour téléphoner à leur tour aux autorités. Je n’étais pas là depuis plus de trois minutes lorsque Bones apparut au loin. Il ralentit sa course en m’apercevant et franchit en marchant les derniers mètres qui le séparaient de l’endroit où j’étais assise.

— Ça va, ma belle ?

J’acquiesçai.

— Quelques égratignures, mais rien de grave. Et le vampire que tu poursuivais ?

Il s’agenouilla à côté de moi.

— Il doit être en train de faire ses salutations à Belinda en enfer, j’imagine.

Bien. Un vampire s’était peut-être échappé, mais trois y étaient restés, et le plus dangereux d’entre eux commençait à se flétrir sous le soleil de cette fin d’après-midi.

— Et Zachary ?

Bones fit « non » de la tête. J’inspirai profondément. J’aurais voulu pouvoir de nouveau poignarder Belinda et qu’elle le sente bien passer.

Des crissements de pneus retentirent, indiquant l’arrivée de mes hommes. Quelques instants plus tard, une voiture s’arrêta devant nous en dérapant, et Juan et Tate en sortirent aussitôt.

Je me levai en époussetant l’herbe et la terre collées à mes vêtements.

— Gomme vous pouvez le voir, les gars, Belinda a été virée.

Froid comme une Tombe
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